Moins d’un mois après mon arrivée à Göteborg, j’étais enregistré comme résident suédois et couvert par l’assurance-maladie. J’avais de plus obtenu une carte d’identité et réussi à modifier l’immatriculation de notre véhicule. Enfin, peu de temps après ma visite au service de l’immigration, je débutais les cours de suédois tandis que mon épouse obtenait toutes les autorisations fiscales et sociales lui permettant de faire fonctionner son entreprise.
Certes mon cas est simple. Marié à une Suédoise et citoyen de l’UE, je circule sur la voie rapide. Toutefois, tout citoyen français ayant dû batailler avec l’administration française pour obtenir un document ou bénéficier d’un service lui revenant de droit, comprendra aisément ma surprise.
La clé de cette efficacité sans équivalent porte un nom : le «personnummer». Numéro unique attribué à tout suédois dès sa naissance, il s’avère indispensable pour effectuer la moindre démarche administrative ou relevant de la sphère privée, qu’il s’agisse de l’ouverture d’un compte bancaire ou de l’obtention d’une carte fidélité au magasin du coin.
Sans ce sésame, point de salut. Le personnummer fonctionne comme un numéro de sécurité sociale qui serait systématiquement exigé dans le cadre de toutes les activités. Pour ceux d’entre vous qui sont familiarisés avec les bases de données, il s’apparente à la clé primaire permettant d’identifier un objet unique et seulement celui-là, faisant à ma connaissance de la Suède la plus grande base de données au monde !
Chaque administration pouvant accéder aux informations détenues par les autres services, les coûts de gestion des services publics sont optimisés, ce qui ne peut que réjouir le contribuable. L’autre avantage du personnummer est qu’il facilite la vie de l’usager au quotidien. Exemple frappant : lors d’une consultation, votre médecin vous prescrit un médicament. Dans l’heure qui suit, sans ordonnance et sur simple présentation de votre personnummer, vous pouvez, du fait de l’interconnexion des systèmes, vous faire délivrer ce médicament dans n’importe quelle pharmacie de la ville !
Certains diront qu’il n’est pas sain que les grandes institutions communiquent entre elles et en sachent autant. Pour ma part, je ne suis pas certain que l’étanchéité des services publics français nous garantit une plus grande confidentialité. En revanche, le fait qu’ils ne communiquent pas entre eux coûte plus cher au contribuable et pollue souvent la vie de l’usager.
Vive le guichet unique !